Georges Duckson, le Lion du 17ème

Georges Dukson a 22 ans. Son père, ancien combattant de la Grande Guerre, est instituteur au Gabon. Georges s’est engagé dans l’Armée française en 1939; nommé sergent, il rejoint très rapidement la métropole et participe à la campagne de France. Fait prisonnier en juin 1940, il est envoyé en Allemagne. En 1943, après plusieurs tentatives infructueuses, il parvient enfin à s’évader en compagnie d’un compagnon de détention et rentre à Paris. Son camarade, chef d’entreprise, lui donne un travail de chauffeur livreur dans son établissement. La vie de Georges reprend son cours. Hélas ! Pour plaire à une jeune employée de pharmacie, il n’hésite pas à commettre quelques petits larcins et doit disparaître quand son patron s’en aperçoit. Georges s’installe alors dans un hôtel meublé du quartier des Batignolles et vivote de quelques trafics. La période est particulièrement propice et la tâche est aisée.
Le 19 août 1944, les F.F.I du 17ème arrondissement s’emparent de la mairie. L’insurrection parisienne a débuté. Georges Dukson offre immédiatement ses services et ses connaissances d’ancien sergent de l’Armée française. On le voit ici sur le char Somua pris aux Allemands, char immédiatement repeint aux couleurs des F.F.I.
Il sera de toutes les batailles du 17ème. Avec son groupe il se bat rue Boursault, participe aux combats du lycée Chaptal. Blessé au bras par une balle de fusil, il ne peut plus utiliser son revolver … qu’à cela ne tienne, il continuera avec des grenades. Sa chemise blanche largement échancrée sur la poitrine, le pantalon retroussé et les pieds nus lui vaudront le surnom de “Lion du 17ème”. C’est vrai qu’il se bat comme un lion dans les rues de Paris.


angle rue Boursault boulevard des Batignolles

 

A son tableau de chasse, plusieurs camions récupérés et de nombreux soldats allemands tués. Le voici nommé adjudant puis sous-lieutenant des F.F.I. Georges a fait un pari fou. Il sera du défilé de la victoire. Il veut sa photo dans les journaux.

Il y parvient ! Le voici filmé dans sa tenue de Lion du 17ème au départ du cortège du général de Gaulle qui démarre, place de l’Etoile, sa descente triomphale des Champs Elysées le 26 août. Il semble même faire le service d’ordre … Il est à quelques mètres du général de Gaulle, des généraux Koenig et Leclerc, d’Alexandre Parodi ou de Georges Bidault… Georges Dukson a réussi son pari fou ! Sa photo s’étale dans tous les journaux. Il devient une célébrité dans son quartier, on lui demande des autographes …
Un héros de sa trempe ne peut retourner à une vie misérable. Georges a perdu le sens de la mesure. Dans les jours qui suivent la libération, profitant du désordre qui règne dans les rues de la Capitale, le Lion du 17ème qui a gardé son groupe de combattants s’empare d’un ancien garage allemand, rue de Constantinople, et se met à en revendre tout le stock au marché noir. Dans un Paris qui manque de tout les affaires vont bon train. Le stock épuisé, l’équipe de Georges se lance dans des perquisitions illégales, vols et autres abus de confiance. Il tient “table ouverte” dans un bar de la rue de Chéroy (il a élu domicile à l’hôtel du Théâtre au n° 5, en face de l’entrée des artistes du théâtre Hebertot !) Tout a un temps. Les autorités F.F.I sont alertées et décident de mettre un terme aux activités de la “bande”. Georges est arrêté et conduit au Mont Valérien pour y être incarcéré. Profitant d’un ralentissement sur la route, il tente de s’enfuir mais est stoppé net par une rafale de mitraillette qui lui brise la jambe.

Georges Dukson décèdera le 11 novembre 1944 à l’hôpital Marmottan des suites de son opération. Son acte de décès indique que, né en 1923 à Port-Gentil au Gabon, il exerçait la profession de marchand forain.